INTRODUCTION
L’utilisation des antimicrobiens (AM) en médecine vétérinaire est un outil essentiel pour la protection de la santé animale et de façon indirecte la santé humaine. Cet outil permet de sécuriser un niveau sanitaire optimal tout en assurant une qualité de production animale avec un faible coût de production pour la consommation humaine. Cependant, on peut noter quelques risques potentiels liés à la présence des résidus dans les denrées alimentaires d’origine animale qui sont de plusieurs ordres : risques cancérigènes (Nitrofuranes, formel), risques allergiques (Pénicillines, Streptomycine), risques toxiques (Chloramphénicol), modification de la flore intestinale (Tétracyclines), sélection de bactéries résistantes aux antibiotiques. Cette utilisation est aujourd’hui remise en cause, car elle est susceptible de favoriser l’apparition d’antibiorésistances chez l’homme. Le Codex Alimentarius définit la résistance aux antimicrobiens (RAM) comme la « capacité pour un micro-organisme de se multiplier ou de résister en présence de niveaux croissants d’un agent antimicrobien, relativement à l’homologue vulnérable de la même espèce »[1]. Les antimicrobiens constituent une menace pour la vie et le développement des hommes, des animaux et de leur écosystème.
Au Cameroun, l’agriculture, l’élevage et la pêche occupent plus de 70% de la population active et représentent 30% du PIB[2]. Le poisson représente 40% et 9,5% de l’apport protéique d’origine animale et des besoins totaux de la population, respectivement[3]. En l’absence d’un système de collecte des données statistiques, la production nationale annuelle est estimée à 50 tonnes et évaluée à 330 tonnes grâce à la présence des Agents de Vulgarisation de Zone (AVZ) qui assurent un minimum d’encadrement auprès des pisciculteurs[4]. Aussi, la pisciculture devient une opportunité financière pour des jeunes en quête d’emploi, alors que 57 % des jeunes diplômés sont au chômage[5]. Néanmoins la connaissance et les données sur la pratique de la pisciculture restent problématiques. Il existe très peu de données sur la présence des résidus d’AM dans les aliments utilisés en pisciculture et dans les produits dérivés issus de ce type d’élevage au Cameroun.
I- LA PRATIQUE DE L’AQUACULTURE AU CAMEROUN
1- Histoire de l’aquaculture au Cameroun
Au Cameroun, l’aquaculture a été introduite sous la forme de pisciculture en 1948 et est pratiquée uniquement en étangs et en eau douce[6]. L’ichtyologie qui est une branche de la zoologie qui a pour objet l’étude scientifique des poissons. L’ichtyologie révèle que la Silure ou poisson-chat, le Tilapia du Nil, la Carpe commune et le Kanga seraient les poissons les plus rencontrés dans la pisciculture.
2- Le système de production piscicole au Cameroun
Dans le système de production piscicole au Cameroun, il existe deux types de production : la pisciculture intensive et la pisciculture extensive.
La pisciculture intensive se pratique dans des espaces entièrement ou partiellement clos (bassins en terre, béton ou en plastique, nasses ou cages géantes flottantes, etc.) en eau douce ou en pleine mer suivant les espèces. Ce type est couramment utilisé pour les fermes piscicoles commerciales.
La pisciculture extensive est en général pratiquée dans les étangs-barrages. Les piscicultures se déroulent en l’absence de fertilisants et d’intrants alimentaires. C’est souvent le cas des mares qui sont simplement empoisonnées. Il s’agit ici d’un élevage à faible niveau d’investissement.


Figure 1 : La pisciculture extensive au Cameroun[7]
3- Les groupes d’aliments pour la nutrition des poissons
Au Cameroun, on retrouve trois groupes d’aliments pour la nutrition des poissons : (i) les aliments naturels qui sont présents naturellement dans l’étang (détritus, bactéries, plancton, vers, insectes, mollusques, plantes aquatiques et poissons) ; (ii) les aliments de complément qui sont distribués de façon régulière aux poissons de l’étang (végétaux terrestres, déchets de cuisine ou sous-produits agricoles) ; (iii) et enfin les aliments complets sont distribués de façon régulière mais se composent d’un mélange d’ingrédients soigneusement choisis, destinés à fournir tous les éléments nutritifs nécessaires à une bonne croissance des poissons mais généralement très coûteux (les granulés localement fabriqués). On retrouve ce type d’aliments beaucoup plus dans le système intensif avec les bacs hors sol.

Figure 2 : les granulés fabriqués localement[8].
4- Les grandes zones agro-écologiques ayant un climat favorable au développement de la pisciculture.
Les principales régions de production aquacole se trouvent essentiellement dans les régions de l’Adamaoua, du Centre, de l’Est, du Littoral, de l’Ouest et du Nord-ouest. Cependant, sans un système fiable de collecte de données statistiques sur la pisciculture, il n’est pas possible d’estimer la production de poisson par région[9]. Le poisson représente une source importante de protéines pour une grande partie de la population, qui constitue une source économique clé pour le développement du Cameroun. Une véritable ressource locale que la viande ne peut remplacer à cause de sa non-disponibilité ou de son prix de vente élevé.
5- Les facteurs socioéconomiques de la pisciculture
La pisciculture représente une opportunité économique pour de nombreux acteurs qui voudraient se lancer dans l’entrepreneuriat. En 2015, le rapport de l’Institut National des Statistiques sur les besoins en production piscicole annonce un déficit de production nationale piscicole de 250 000 tonnes[10] ; la demande étant estimée à 400 000 tonnes par an. Le coût de l’importation des poissons surgelés est estimé à 100 milliards de FCFA/an avec une perte annuelle de 20 milliards/an due à la pêche illégale dans les eaux du pays par des étrangers[11]. À l’heure actuelle, la pénurie de poisson sur les marchés touche de plus en plus les ménages à cause de la flambée des prix sur les marchés.
Dans la pratique courante, la pisciculture est faite dans des structures familiales, au bord des lacs, des fleuves et océans. Mais depuis quelques années, la pisciculture en hors sol est effectuée majoritairement par des jeunes entrepreneurs. Une étude menée dans la région de l’Est Cameroun a révélé que 88 % pisciculteurs enquêtés se sont formés sur le tas sans recevoir une formation professionnelle. Ces formations ont porté généralement sur les techniques d’élevage et les visites de fermes piscicoles au Cameroun. Environ 22 % des pisciculteurs ont une expérience professionnelle de 15 ans contre 8,5 % qui ont une expérience professionnelle d’une moyenne de 25 ans. Ces chiffres démontrent à suffisance le danger que représente à l’heure actuelle la production piscicole en absence des connaissances en biosécurité et bio-sûreté. Parmi les difficultés majeures que rencontrent les producteurs piscicoles, on peut citer : les difficultés financières, l’approvisionnement en alevins et en aliments, l’insuffisance en connaissance et aptitudes pratiques sur les techniques d’élevage et la gestion des sites piscicoles[12].
6- Les problèmes liés à la pratique de la pisciculture au Cameroun
Dans tous les types de production, les poissons restent exposés aux maladies peu importe le type d’aliments utilisés. En général, on retrouve les maladies virales (viroses), les maladies bactériennes (bactérioses) et les maladies parasitaires (parasitoses) comme chez les Humains. En plus des maladies, ils subissent des agressions de toutes sortes.
Au Cameroun, les maladies rencontrées chez les poissons ne sont pas encore connues, dans la littérature, les données restent rares. Cependant, plusieurs antimicrobiens sont employés pour sécuriser un niveau sanitaire optimal et assurer la qualité de la production animale et ses dérivés destinés à la consommation humaine tout en réduisant les coûts de production. L’utilisation non contrôlée des antimicrobiens peut occasionner des problèmes de résistance aux antimicrobiens. Cette situation nécessite une attention particulière des chercheurs, des universitaires et des spécialistes du domaine de l’aquaculture et de la santé publique.
II- CADRE RÉGLEMENTAIRE DE L’UTILISATION DES ANTIMICROBIENS EN AQUACULTURE AU CAMEROUN
Nous étudierons d’abord la création de fermes piscicoles avant d’envisager la réglementation sur l’utilisation des antimicrobiens en aquaculture au Cameroun.
- Création de fermes piscicoles au Cameroun
Au Cameroun, la pratique de l’aquaculture est soumise à des autorisations pour la création de fermes piscicoles et pour l’importation et l’introduction d’espèces aquacoles vivantes ; une autorisation spéciale est requise pour l’exploitation de poissons ornementaux. Le Ministère de l’élevage, des pêches et des industries animales (MINEPIA) est chargé de l’application de cette réglementation à travers ses services centraux et extérieurs. Cependant, la plupart des pisciculteurs ne disposent pas d’autorisation. Le manque de connaissance sur les procédures et les difficultés financières pour se mettre en conformité avec un cadre réglementaire pourraient être les principales causes. Dans le cadre de la prévention, le gouvernement a mis sur pied un Programme National de Vulgarisation et de Recherche Agricole (PNVRA). Ce programme réunit tous les vulgarisateurs du MINEPIA et du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (MINADER) avec la collaboration de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) pour assurer une meilleure coordination et programmation des enseignements à dispenser auprès des paysans dans le monde rural.
2- Réglementation sur l’utilisation des antimicrobiens en aquaculture
Sur le plan international, la législation est un outil essentiel pour contrôler l’utilisation des antimicrobiens (UAM) et prévenir la RAM. La Commission du Codex Alimentarius définit une limite maximale de résidus de médicaments vétérinaires (LMRMV) pour la sécurité sanitaire des aliments. Les LMRMV sont définies comme la concentration maximale de résidu résultant de l’emploi d’un médicament vétérinaire (exprimé en mg/kg ou en μg/kg sur la base du poids frais). Dans l’Union européenne, la réglementation en matière de résidus est organisée par le règlement (CEE nº 2377/90 du Conseil du 26 Juin 1990) qui fixe les LMRMV appliquées dans les pays de l’Union européenne. Le taux de prévalence des résidus d’AM dans les aliments d’origine animale est estimé à 1 % en Europe contre 94 % dans certains pays d’Afrique[13].
Au Cameroun, il n’existe pas de réglementation de contrôle des résidus d’AM, ce qui crée des manquements dans la réglementation de la biosécurité et la bio-sûreté et une pénurie de données sur le contrôle des résidus d’AM dans des produits issus de l’aquaculture. On note également d’énormes lacunes existant dans l’organisation du marché des médicaments à savoir : l’absence de législation spécifique adaptée au nouveau contexte de libéralisation de la pharmacie vétérinaire, l’absence d’application de la réglementation en vigueur, l’absence d’inspection, de procédures d’AM et d’enregistrement des médicaments vétérinaires et l’existence de circuits parallèles au circuit officiel de vente de médicaments vétérinaires[14]. Il faut s’interroger sur la vente illicite des médicaments dans les rues et de leur qualité et certaines pratiques qui consistent à administrer aux animaux des médicaments destinés à une autre espèce à cause de l’absence de l’application des textes et l’insuffisance de la législation. Pourtant l’Organisation mondiale pour la santé animale (OIE) à travers les Codes sanitaires pour les animaux terrestres et pour les animaux aquatiques proscrit des normes relatives à l’usage responsable et prudent des antimicrobiens et des alicaments. L’OIE recommande que les antimicrobiens soient prescrits par un vétérinaire ou toute autre personne dûment formée et que des systèmes de distribution agréés ou autorisés soient mis en place. Il est également recommandé que les producteurs d’animaux destinés à la consommation humaine respectent l’ordonnance vétérinaire et les directives du médicament.
Cependant, ses différents manquements pourraient être à l’origine de l’émergence des bactéries multi-résistantes à potentiel zoonotiques circulant chez l’homme, l’animal et dans leur environnement déclarés dans plusieurs études scientifiques. Et également de la présence des résidus d’AM dans les denrées d’origine animale.
CONCLUSION
La mise en place d’une unité de production piscicole doit respecter les procédures administratives édictées par le gouvernement et les organisations internationales telles que : l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ; et doit respecter les normes de biosécurité pour préserver la santé humaine et animale ainsi que notre environnement. La résistance aux antimicrobiens (RAM) constitue une problématique mondiale de santé publique et animale qui préoccupe les scientifiques et les responsables politiques. Il serait nécessaire de disposer des méthodes permettant de lutter contre l’émergence ou la dissémination de microorganismes résistants résultant de l’utilisation d’agents antimicrobiens chez les animaux et de limiter les antibiorésistances par un usage maîtrisé de ces agents. Le suivi des quantités d’agents antimicrobiens utilisés chez les animaux servant à la production de denrées alimentaires et la détermination des profils d’utilisation doit être régi par une législation. La pratique de la pisciculture doit être autorisée à des professionnels du domaine et avec des obligations de disposer d’un vétérinaire. Les chercheurs doivent s’intéresser davantage aux maladies des poissons qui sont cultivés au Cameroun. Il faut également approfondir les recherches sur le contrôle des résidus d’AM dans l’environnement de l’élevage et des produits issus de l’aquaculture pour minimiser les risques sanitaires et garantir la santé humaine.
BIOGRAPHIE :
DJIM-ADJIM-NGANA Karyom est âgé de 30 ans, originaire de la Région du Nord-cameroun. Passionné par la médecine, il va déposer ses bagages après l’obtention de son baccalauréat scientifique à la prestigieuse Université de Ngaoundéré en 2013, au Département des sciences biomédicales. Il sortira de cette école en 2019 avec un Master en Biologie Clinique. Il reviendra en 2021 pour faire un second Master en santé publique à l’École des Sciences et de Médecine Vétérinaire qu’il soutiendra en octobre 2022. Il travaille actuellement comme chercheur au Centre de Recherches en Santé et sur les Pathologies Prioritaires à l’Institut de Recherches Médicales et d’Etudes des Plantes Médicinales sous tutelle du Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (depuis juillet 2021). Spécialiste en Microbiologie Médicale et Santé Publique, ses travaux de recherche sont axés sur les problématiques liés à la résistance aux antimicrobiens. Il est auteur de plusieurs articles scientifiques. Auparavant, il a travaillé comme Superviseur de Terrain au sein de l’ONG M.A. SANTE (Meilleur accès aux soins de santé) dans plusieurs projets dans le domaine de la santé (2020-2021). Jeune acteur de la société civile, il va fonder en 2020, une organisation dénommée « Organisme pour la Santé et l’Action Sociale » (OSAS), qui fait dans la promotion de la santé, l’éducation et le développement durable avec plusieurs projets réalisés dans le Nord Cameroun. Depuis octobre 2020, il y officie en tant que Président. Il est très impliqué dans la lutte pour l’implémentation de la couverture Santé Universelle au Cameroun, pour un accès aux soins de santé équitable et pour un développement durable.
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[1] Commission du Codex Alimentarius. 2011. Définitions, Guidelines for Risk Analysis of Foodborne Antimicrobial Resistance, CAC/GL 77- 2011. Rome. 29 pp.
[2] http://ccere-cameroun.com/lagriculture-lelevage-et-la-peche-au-cameroun/
[3] J. A. Atangana Kenfack, P. Tchawa & J.-C. Micha, « La pisciculture au Cameroun : une démarche individuelle ! Cas de la commune de Bertoua 1 dans la région Est du Cameroun », Tropicultura [En ligne], Volume 37 (2019), Numéro 3, URL : https://popups.uliege.be/2295-8010/index.php?id=1379.
[4] FAO 2022. Cameroun. Text by Kouam, J.. Fisheries and Aquaculture Division [online]. Rome. [Cited Thursday, August 18th 2022]. Available from : https://www.fao.org/fishery/en/countrysector/cm/fr?lang=fr
[5] Le Directeur de la coopération au Ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Mme Ngu Comfort, dans son discours d’ouverture a déclaré que le taux de chômage des jeunes au Cameroun est de l’ordre de 57%, alors que chaque année, plus de 300 000 jeunes obtiennent leur diplôme sans avoir acquis les compétences professionnelles nécessaires pour répondre aux exigences du marché du travail.: Available from : https://www.legicam.cm/index.php/p/developpement-des-competences-pour-ameliorer-l-employabilite-des-jeunes-au-cameroun . Date de publication : 08/10/2021, 14 :00
[6] « Historique du développement de la pisciculture au Cameroun. » Satia, N.B.P. 1991
[7] J. A. Atangana Kenfack et al. La pisciculture au Cameroun : bilan et perspectives. Int. J. Biol. Chem. Sci. 13(2) : 1140-1161, 2019.
[8] DEVELOP GROUP. Comment choisir un système pour sa pisciculture au Cameroun ? Accessed: 2022-10-18. Available from : https://www.develop-group.net/2020/04/19/comment-choisir-un-systeme-pour-sa-pisciculture-au-cameroun/
[9] FAO 2022. Cameroun. Texte de Kouam, J.. Division des pêches et de l’aquaculture [en ligne]. Rome. [Cité Tuesday, October 18th 2022]. https://www.fao.org/fishery/fr/countrysector/cm/fr
[10] M. MAIMOUNE et al. Pourquoi la pisciculture tarde à se développer dans la ville de Bertoua
(Est-Cameroun)? Int. J. Biol. Chem. Sci. 15(6): 2568-2580, 2021
[11] http://ccere-cameroun.com/lagriculture-lelevage-et-la-peche-au-cameroun/
[12] J. A. Atangana Kenfack et al. La pisciculture au Cameroun : bilan et perspectives. Int. J. Biol. Chem. Sci. 13(2): 1140-1161, 2019.
[13]https://www.researchgate.net/profile/Guy_Mensah/publication/274257121_Antimicrobial_residues_in_foods_of_animal_origin_in_Africa_Public_health_risks/links/566d596b08ae1a797e4023f2/Antimicrobial-residues-in-foods-of-animal-origin-in-Africa-Public-health-risks.pdf
[14] Messomo Ndjana F. (2006). – Étude de la distribution et de la qualité des médicaments vétérinaires au Cameroun. Thèse de doctorat de l’École inter-États des sciences et médecine vétérinaires de Dakar (EISMV), Sénégal, 114 pp.